Les partis misent massivement sur les présidents de club de football pour rafler des sièges

Au Maroc, football et politique ont toujours évolué en dépendance mutuelle. Des présidents de clubs haut commis de l’Etat, des dirigeants en tous genres élus au parlement ou dans les conseils communaux, des clubs entiers cooptés par des partis politiques… La relation entre foot et politique aura même frôlé l’inceste, par moments. En 2021, année triplement électorale, les dirigeants de clubs se présenteront massivement aux scrutins de ce mercredi 8 septembre.

Saïd Naciri en est l’exemple parfait. A la tête du Wydad Athletic Club (WAC) depuis 2014, ce bidaoui d’adoption natif de Zagora est aussi président de la Ligue national du football professionnel, l’organe prétendument « indépendant » qui organise les Botola 1 et 2. Naciri figure également parmi les hommes forts du bureau politique du parti Authenticité modernité (PAM), bien que médiatiquement absent lorsqu’il s’agit de communiquer sur ses réalisations en tant que membre du Parlement ou élu régional.

Une spécialité du PAM…

« J’ai rejoint le parti dès sa création, car j’ai été convaincu par son projet politique », confiait-il à Jeune Afrique en juillet 2017. Il vit son baptême de feu électoral en 2011, en se présentant aux législatives à Zagora, remportant facilement le siège de député. En 2015, il réussit à se faire élire au Conseil régional de Casablanca-Settat. Malgré sa double casquette, il ne se fera pas remarquer pour son engagement politique, ni à Zagora, ni en métropole. Ses opposants l’auront carrément étiqueté « député à 0 question ».  Cela ne l’empêchera pas de rempiler au Parlement, en 2016, cette fois dans la circonscription de Casa-Anfa, où il candidate de nouveau cette année.

Toujours à Casablanca, l’ancien président du Rachad Bernoussi, mythique club du quartier populaire de Sidi Bernoussi et aujourd’hui errant dans les méandres des division inférieures, Ahmed Ammouri, se présentera sous la bannière du PAM aux communales et régionales, dans la circonscription de Sidi Bernoussi. Avant de quitter le club en mars dernier, Ammouri détenait le record de longévité pour un patron de club au Maroc, avec 32 ans au compteur.

Le parti au Tracteur mise sur trois autres présidents de clubs dans des villes de moyennes taille, où la victoire semble quasiment acquise. A Zemamra, à travers le président de la Renaissance (RCOZ), Abdeslam Belqchour, à Khémissat, avec le patron de l’Ittihad (IZK), Hassan Filiali, ainsi qu’à Berrechid, par l’intermédiaire de Noureddine El Baidi, président du Youssoufia (CAYB).

…et du RNI

A Mohammedia, le sulfureux président du Chabab (SCCM) local, Hicham Aït Menna, se présentera aux législatives sous les couleurs du Rassemblement national des Indépendants (RNI). A coup de millions de billets bleus, Aït Menna a réussi à extirper le SCCM des ténèbres des divisions amateurs et de le faire remonter, la saison passée, dans l’élite du football national. Symbole de son poids au sein du parti, Aït Menna aura même profité de la venue dans la ville du patron du parti, Aziz Akhannouch, dopant ainsi sa campagne électorale.

Ailleurs, le RNI s’appuie sur Ismaïl Zitouni, président de l’Olympique Dcheira, club de cette bourgade située au sud d’Agadir et qui a raté de peu la promotion en Botola 1 cette saison. Le parti d’Akhannouch mise également sur Mohamed Houar, patron du Mouloudia d’Oujda, pour décrocher un siège dans la circonscription d’Oujda-Angad, aujourd’hui, dont les quatre élus sont dévolus au PAM, au PJD et à l’Istiqlal. A Casablanca, le RNI espère une improbable victoire dans la circonscription d’Al Fida-Mers Sultan, qui verra s’affronter deux ex-présidents honnis du Raja, Mohamed Boudrika (RNI) et Said Hasbane (UC).

Champion du Maroc en 2018 pour la première fois de l’histoire de l’Ittihad de Tanger, Abdessamad Abarchane représentera le Mouvement populaire dans la ville du Détroit, tandis que Hakim Benabdellah, successeur du patron de la FRMF Fouzi Lekjaâ à la tête de la Renaissance de Berkane, candidatera sous le pavillon de l’Istiqlal à Berkane.

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