Macron en Algérie : sans ambition et sans grandes annonces

« Paris vient régler des dossiers et Tebboune a besoin d’être sur la photo. » C’est ainsi qu’IIhsane El Kadi, directeur des médias algériens Radio M et Maghreb Émergent, résume auprès de Mediapart la visite d’Emmanuel Macron en Algérie. Mal élu en 2019 au terme d’un scrutin boudé par plus de six Algériens sur dix, vilipendé par le Hirak, Abdelmadjid Tebboune, 77 ans, est un président sans légitimité, à la fois sur le plan interne, l’armée étant l’alpha et l’oméga du pouvoir, que sur le plan international.

Ulcéré par les résultats de la rupture du cessez-le-feu par le Polisario, dont il est l’artificier et le parrain, désarçonné par la vague de normalisation avec Israël qu’il n’a pas vu venir, non seulement par le Maroc mais aussi par ses partenaires turc et émirati, ainsi que par le soutien de puissances mondiales au plan d’autonomie marocain, en particulier les États-Unis, l’Espagne et l’Allemagne, l'Algérie a alterné depuis trois appels du pied et chantages à l’endroit de ses voisins. Sans grand succès.

Autant de coups d’épée dans l’eau qui n’ont fait que révéler l’impuissance de la diplomatie algérienne malgré la nomination en 2021 de Ramtane Lamamra, présenté pourtant comme un diplomate très aguerri, jusqu’à ce qu’un événement indépendant de sa volonté vienne remettre le pays au cœur des enjeux du moment : la guerre en Ukraine et ses conséquences mondiale sur le renchérissement de l’énergie.

Un contexte qui octroie un double bénéfice à Alger. D’abord, l’explosion des prix du gaz et du pétrole lui permet de renflouer ses caisses exsangues qui lui faisaient courir le risque de recourir du Fonds monétaire international, les réserves de change ayant dangereusement périclité passant de 200 milliards de dollars en 2014 à 44 milliards en 2021. De quoi acheter un nouvel épisode de paix sociale après le bâillonnement du Hirak et l’embastillement de nombre de ses figures.