n°250.Afrique du Sud: comment Cyril Ramaphosa veut redorer l’image de l’ANC
Le dessin publié en une du Daily Maverick (un équivalent sud-africain de Mediapart) lors de l’ouverture de la conférence quinquennale de l’African National Congress est cruel. On y voit un délégué du parti arriver à l’accueil et une charmante hôtesse s’enquérir : « Comment voulez-vous que votre pot-de-vin soit versé ? », pendant qu’elle désigne une pancarte proposant différents modes de paiement : cartes bancaires, espèces, chèques, enveloppes opaques, bitcoins, etc.
Le dessin est impitoyable s’agissant d’un des plus anciens partis politiques d’Afrique, qui plus est celui qui s’est vaillamment battu contre le régime d’apartheid pour finir par en triompher. Mais il est malheureusement assez juste et on peut parier qu’il a fait rire (jaune) la quasi-totalité des lecteurs. À l’exception sans doute des délégués de l’ANC, et encore, ce n’est même pas sûr, car nombre d’entre eux sont aujourd’hui très lucides à l’égard de leur parti eux qui viennent d’élire à leur tête Cyril Ramaphosa avec l’espoir qu’il redore leur image et succède à Jacob Zuma à la tête du pays dans deux ans, voire avant. Mais quel prix sont-ils prêts à payer pour cela ? Accepteront-ils que Ramaphosa nettoie les écuries d’Augias qu’ils ont contribué à souiller ?
« L’image de Jacob Zuma est désormais devenue celle de l’ANC », déplore Sipho Pityana, un vétéran de l’ANC reconverti en homme d’affaires depuis une quinzaine d’années. « La plupart des dirigeants du parti ont soutenu Zuma lors des élections internes à deux reprises, et l’ont défendu bec et ongles face aux accusations de corruption qu’il traîne derrière lui. » Pour mémoire, le président de l’Afrique du Sud fait face à 783 charges de corruption et a passé l’essentiel de ses huit années de mandat à tenter d’échapper à la justice, notamment en affaiblissant les institutions qui le gênaient. Comment, dans ces conditions, l’ANC peut-il espérer se refaire une virginité et se présenter encore et toujours comme le parti incontournable et indispensable de la scène politique de la « nation arc-en-ciel » ?
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