n°245.Abdellatif Laâbi: «Nous assistons à une répétition de l’histoire au Maroc»
Abdellatif Laâbi entretient « un rapport passionnel » avec le Maroc. « Colère et tendresse, amour et désamour, appartenance et désappartenance, possession et dépossession », confie à Mediapart le grand poète marocain d’expression française. Emprisonné (de 1972 à 1980) et torturé sous Hassan II, Abdellatif Laâbi a payé très cher son combat pour les libertés. Exilé en France depuis 1985, celui qui incarna le renouvellement culturel postcolonial au Maghreb avec la revue Souffles à la fin des années soixante pose un regard très critique sur le Maroc de Mohammed VI.
Le 18 novembre dernier, il lançait sur Mediapart (repris par Le Desk) un appel signé par 150 personnalités en soutien au Hirak du Rif, appelant à la libération des détenus politiques de ce mouvement social qui dure depuis plus d’un an. « Le moment est venu d’une mobilisation de tous les démocrates qui ont “le Maroc au cœur” pour dénoncer la dérive sécuritaire des autorités marocaines et la répression qui n’a cessé de s’abattre sur les protestataires du Rif », écrit Abdellatif Laâbi. Des centaines de militants du Hirak sont derrière les barreaux et nombre d’entre eux ont déjà été condamnés, certains jusqu’à vingt ans de prison. L’une des dernières condamnations en date est celle d’El Mortada Lamrachen, une des figures du mouvement, condamné à cinq ans de prison sur des accusations kafkaïennes.
Le 28 novembre dernier, le jour de la tenue d'une nouvelle audience, devant la cour d'appel de Casablanca, du procès de plus d'une cinquantaine de personnes impliquées dans le Hirak, l’ONG Amnesty International a appelé « à libérer immédiatement » ceux qu’elle qualifie de « prisonniers de conscience ». « Depuis mai, les forces de sécurité ont arrêté “des centaines de manifestants”, dont des mineurs, ainsi que des journalistes lors de manifestations largement pacifiques », écrit l'ONG basée à Londres. Poursuivis sans preuves pour différents motifs comme « participation » ou « complicité » dans des violences, certains doivent faire face à des accusations très graves comme celle « d'atteinte à la sécurité de l'État », et encourent jusqu'à la prison à vie.
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