EconomieCroissance, inflation, emploi, commerce extérieur … ce que prévoit le HCP pour 2023
L’économie marocaine devrait renouer avec la croissance en 2023. C’est ce que prévoit le Haut-Commissariat au Plan (HCP). La croissance économique nationale devrait « afficher une reprise de 3,3 % en 2023 après une forte décélération de 1,3 % enregistrée en 2022 ». Cette amélioration du PIB serait, par ailleurs, conjuguée à un ralentissement à près de 2,8 % au lieu de 3,1 % en 2022 de l’inflation, détaille le Budget économique exploratoire du HCP.
Malgré une amélioration prévisible de la création nette d’emploi, le marché du travail devrait continuer à enregistrer une baisse du taux d’activité, note également le HCP. Ainsi, après avoir baissé de 2,2 % en 2022, celui-là devrait reculer de 0,8 % cette année. Par conséquent, le taux de chômage connaîtrait une « quasi-stagnation » à 12,2 %.
La campagne agricole sauvée
Malgré son démarrage dans des conditions difficiles, marquées notamment par la sécheresse et la montée des coûts des intrants, la campagne agricole actuelle (2022-2023) devrait enregistrer de bonnes performances. La valeur ajoutée agricole devrait s’améliorer de 6,7 % en 2023 après une baisse brutale de 12,9 % en 2022, indique le HCP.
Toujours selon le HCP, l’amélioration tardive des conditions climatiques devrait être « légèrement bénéfique » à la production céréalière estimée à 55,1 Millions de quintaux en accroissement de 62 % par rapport à la campagne précédente, mais plutôt favorables pour le renforcement de la production maraichère et arboricole ».
Il est à souligner, que les activités de l’élevage, en revanche, continueraient à faire face à des difficultés liées notamment à la baisse de l’effectif du cheptel, alors que celles de la pêche maritime devraient enregistrer une évolution positive de 5,3 %.
Globalement, le secteur primaire devrait enregistrer une hausse de l’ordre de 6,6 % après un fort recul de 12,7 % en 2022.
Croissance « modeste » des activités industrielles et du BTP
Le secteur secondaire devrait dégager « une valeur ajoutée en légère hausse de 0,3 % en 2023 contre une baisse de 1,7 % enregistrée en 2022 », prévoit le HCP. Cette croissance sera alimentée notamment par une amélioration « modeste » de la valeur ajoutée des industries manufacturières, estimée à 1,1 % au lieu de 0,3 %. Par activités, la « décélération » des industries de l’agroalimentaire, du textile et de celles chimiques serait compensé par l’amélioration de l’industrie du matériel de transport qui devrait « poursuivre son élan », explique-t-on.
Le secteur du BTP, quant à lui, devrait « poursuivre son essoufflement ». D’après les prévisions du HCP, le secteur devrait enregistrer « une croissance timide » de 0,4 % en 2023 après un repli de 3,6 % en 2022. Cette situation résulte, explique la même source, du « renchérissement des coûts de construction et du foncier, et du durcissement des conditions de financement affaiblissant la demande des particuliers pour les biens immobiliers ». Cependant, le recul enregistré au niveau du bâtiment serait toutefois compensé par la branche des travaux publics, « bénéficiant de l’accroissement de l’enveloppe des investissements publics destinée à l’infrastructure », ajoute-t-on.
Performance « remarquable » du tourisme
Globalement, le secteur tertiaire devrait connaître une croissance de 4,2 % en 2023 après 5,4 % en 2022, contribuant ainsi positivement à la croissance du PIB de 2,3 points, indique le HCP. Dans le détail, cette performance sera soutenue par la « reprise des activités touristiques en expansion remarquable et du transport aérien et l’aboutissement de leur processus de rattrapage ». Ceux-ci devraient contribuer à la hausse de la valeur ajoutée des services marchands de 4,2 % en 2023.
Cette dynamique du tourisme et du trafic aérien serait conjuguée à une « contraction » du transport maritime, en raison du ralentissement des échanges extérieurs, ainsi qu’à une croissance « modeste » en lien avec une demande intérieure en légère reprise. Par ailleurs, les services non marchands devraient continuer d’afficher une croissance soutenue par suite de l’accroissement des dépenses du personnel de l’administration publique.
Amélioration « modérée » de la demande intérieure
La demande intérieure devrait connaitre un accroissement de 0,9 %, contribuant ainsi positivement d’un point à la croissance du PIB au lieu d’une contribution négative de 1,7 point enregistrée en 2022, indique le HCP.
Cette croissance serait le résultat d’une amélioration « légère » de la consommation des ménages de 0,8 % après son repli de 0,7 % en 2022. Et avec la consolidation de 3,5 % prévue des dépenses de consommation de l’administration publique, la consommation finale nationale s’accroitrait de 1,5 % au lieu de 0,4 % en 2022 contribuant ainsi de 1,2 point à la croissance économique en 2023, ajoute la même source.
En revanche, dans de telles conditions marquées par le resserrement de la politique monétaire, l’inflation et « une forte incertitude relative aux perspectives économiques » l’investissement demeurerait « limité ». La poursuite des dépenses de l’investissement public devrait tout de même, « limiter la baisse de l’investissement brut à 0,6 % en 2023 après son repli de 6,5 % en 2022 », explique le HCP.
Allègement du déficit budgétaire
Les équilibres budgétaires devraient poursuivre leur amélioration en 2023, en dépit d’un contexte économique difficile, selon le HCP. De façon générale, « la performance des recettes de l’Etat, soutenues par la dynamique des composantes fiscale et non fiscale, devrait compenser la hausse des dépenses ordinaires ».
Dans le détail, les recettes ordinaires devraient afficher une évolution positive en 2023 pour atteindre 22,7 % du PIB au lieu de la moyenne de 20,4 % enregistrée entre 2014 et 2022. Les recettes non fiscales, quant à elles, devraient atteindre près de 3,8 % du PIB. De l’autre côté, les dépenses totales devraient se situer aux alentours de 27,9 % du PIB. Les dépenses de la compensation, notons-le, devraient reculer à 2,7 % du PIB contre 3,2 % du PIB en 2022.
Compte tenu de cette évolution, « le déficit budgétaire devrait enregistrer un allègement passant de 5,2 % à 4,8 % en 2023 », prévoit le HCP. Par ailleurs, le ratio de la dette publique globale devrait afficher un allègement à 85,8 % du PIB contre 86,1 % du PIB en 2022. Cette situation, souligne toutefois le HCP, « confrontée aux risques d’augmentation des dépenses relatives au soutien du pouvoir d’achat ».
Amélioration de la balance commerciale
Malgré un ralentissement de la demande étrangère, le déficit commercial devrait, d’après les prévisions du HCP, « s’inscrire en atténuation en 2023 pour atteindre 21,8 % du PIB au lieu de 23,2 % en 2022 ». Un allégement attribuable à la « bonne performance » prévue des exportations de notamment les segments de l'automobile, de l’agroalimentaire et du textile, ainsi qu’à l’atténuation de la baisse des exportations du phosphate et de ses produits dérivés.
De même, le déficit courant devrait s’atténuer de 2,7 points en 2023, fait savoir le HCP. Il atteindrait 0,8 % du PIB au lieu de 3,5 % en 2022. Une amélioration engendrée par la « bonne tenue » des échanges de services notamment ceux du transport et du voyage, ainsi que par la poursuite de la hausse des transferts des marocains résidents à l’étranger (MRE). Le déficit en ressources devrait ainsi avoisiner 10,5 % du PIB au lieu de 14,5 % du PIB en 2022.
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